Si la fission de l’uranium a révolutionné la production d’énergie de notre société par le biais des centrales nucléaires, cet élément chimique de symbole U n’a pas que des avantages. En effet, sa désintégration produit du radium, qui lui-même produit du radon par désintégration.
Qu’est-ce que le radon ? Il s’agit d’un gaz radioactif incolore et inodore issu de la désintégration de l’uranium en radium, puis du radium en radon. Le radon est réputé être la seconde source de cancer du poumon après le tabagisme au Canada.
Dans les lignes qui suivent nous exposerons les dangers du radon, ainsi que son mode de propagation. Puis nous révèlerons les divers moyens de détection du radon à notre disposition, avant de mettre en évidence les solutions les plus courantes pour lutter contre cette menace sanitaire invisible.
Le radon en détail : Définition
Le radon est un élément chimique de symbole Rn. Il porte le numéro 86 dans le tableau périodique des éléments de Mendeleïev. Il s’agit d’un gaz à température ambiante, qui a la propriété d’être totalement incolore et inodore. Ce qui ne facilite pas sa détection, mais ne l’empêche pas pour autant.
Par ailleurs, le radon est radioactif, et son isotope le plus répandu est le radon-222, qui possède une demi-vie de 3.8 jours. Ce dernier se désintègre en polonium, plomb, ou encore bismuth. Les autres isotopes de radon ont une demi-vie très faible et sont négligés dans le cadre de notre article.
Le radon-222 lui-même vient de la désintégration radioactive de l’uranium-238 qui est présent dans la couche terrestre. La désintégration radioactive est en fait un processus par lequel un noyau atomique instable perd de l’énergie en émettant des radiations sous formes de particules ou d’ondes électromagnétiques. Cela conduit à la transformation du noyau en un noyau plus stable. Il existe principalement trois types de désintégration : alpha, bêta et gamma.
La désintégration de l’uranium-238 est en fait une succession de désintégration alpha et bêta. Il devient d’abord Thorium-234, puis Protactinium-234, puis Uranium-234, Thorium-230, Radium-226 et enfin Radon-222.
Il faut retenir que le radon est donc le gaz final et qu’il peut se déplacer facilement à travers le sol, via les fissures, et ainsi pénétrer dans l’air ambiant dans une habitation.
Comment le radon se propage-t-il ?
Le radon naît dans la couche terrestre des diverses désintégrations ci-avant exposées, puis remonte à la surface via les fissures dans la roche, via les pores du sol ou encore via les galeries souterraines. Il peut entrer dans les bâtiments par les fondations, même légèrement fissurées, par les espaces autour des conduites de plomberie, par les petites fentes autour des fenêtres ou des portes, ou directement à travers le béton dont la porosité varie selon la qualité.
Lorsqu’il arrive dans l’air, le radon est dilué dans un volume infiniment grand, ce qui diminue sa concentration. On retrouve souvent naturellement des niveaux de radon autour des 5 à 15 Bq/m3. Cela dit, dans les espaces fermés comme dans les habitations, il peut vite s’accumuler à des niveaux dangereux.
Les sous-sols et les vides sanitaires sont particulièrement exposés, car ils sont les plus proches du sol, et on néglige souvent leur ventilation. C’est alors que le radon peut très vite dépasser la norme établie par Santé Canada de 200 Bq/m3. Dans les cas les plus extrêmes, le niveau de radon peut grimper à 600 Bq/m3 ou plus, rendant un processus d’atténuation très fortement conseillé et plutôt urgent.
Quels sont les dangers du radon pour la santé ?
L’inhalation du radon et des ses produits de désintégration précédemment cités, représente un risque conséquent pour notre santé. Les particules radioactives qui en émanent peuvent en effet se déposer sur les poumons et perturber le fonctionnement de cet organe vital.
De fait, ces particules peuvent émettre des radiations qui ont le pouvoir d’endommager les cellules pulmonaires. Il est reconnu que le radon augmente de manière conséquente le risque de cancer du poumon. Selon l’OMS, il s’agit en fait de la deuxième cause du cancer du poumon dans le monde, après le tabagisme. Cette même organisation a quant à elle fixé la limite d’exposition au radon à 100 bq au lieu de 200 bq au Canada. Il serait d’ailleurs souhaitable que le Canada emboîte le pas de l’OMS en modifiant la limite maximum.
Chez les non-fumeurs, il s’agit donc de la première cause de cancer du poumon. Pour mettre en relief cette information, nous pouvons nous référer aux statistiques officielles de cette maladie grave qui montrent que plus de 30 000 canadiens sont diagnostiqués avec un cancer de type pulmonaire chaque année, et que plus de 20 000 en mourront (1)
Comment détecter la présence de radon chez soi ?
Étant donnée la nature incolore et inodore du radon, la seule façon de connaître sa concentration est de pratiquer une mesure. Plusieurs méthodes de mesure du radon existent, via des dosimètres ou des détecteurs de radon en continu.
Les détecteurs en continu de bonne qualité comme ceux fabriqués par la Cie Airthings permettent une lecture précise et en temps réel de la concentration de radon. Ils permettent une surveillance immédiate, et donnent une idée rapide de la présence ou non de radon dans notre habitation.
Les dosimètres quant à eux sont des procédés de mesure sur une plus longue durée et proposent donc des résultats précis. Ils accumulent des données sur une période plus longue, située entre 3 et 12 mois, et donnent une vision plus globale qui vient confirmer la mesure à court terme. Vous pouvez lire notre article dédié pour en savoir plus sur les différents procédés de mesure à court et long terme, et pour savoir lequel vous convient le mieux.
Que faire en cas de niveaux élevés de radon chez soi ?
Avez-vous détecté des taux de radon inquiétants par suite de mesures à long terme ? Si le taux dépasse la norme établie par Santé Canada (200 Becquerels par mètre cube) ou même s’ il s’en rapproche, il convient de mettre en place des actions pour réduire ces concentrations.
Plusieurs méthodes existent, mais la plupart du temps on met en place :
- Une meilleure ventilation du sous-sol ou du vide sanitaire
- Un système de dépressurisation active du sol ou de dépressurisation sous la dalle.
Ce dernier système est l’un des plus efficaces. Le principe est de créer une pression négative sous la dalle de béton ou sous la fondation de la maison. Cette pression négative a pour effet de repousser le radon à l’extérieur de la maison, pour qu’il se dissipe dans l’air extérieur.
La mise en place de la dépressurisation suit plusieurs étapes :
- Le professionnel pratique un forage de plusieurs trous dans les fondations de la maison
- Insertion de tuyaux dans ces trous
- Connexion de ces tuyaux pour créer un réseau d’évacuation
- Création d’un point de collecte sous la dalle : il s’agit d’un espace vide pour permettre au radon de s’accumuler avant d’être aspiré
- Connexion d’un ventilateur de dépressurisation au réseau
- Évacuation de l’air chargé en radon vers l’extérieur afin qu’il se dilue dans l’air extérieur.
- Mesure du taux de radon, ajustement selon un processus itératif jusqu’à passer le taux de radon effectivement sous la norme acceptable.
Pour fixer un rendez-vous en vue d’une estimation pour la mise en place d’un protocole de mesure du radon ou pour une intervention d’atténuation, faites une demande de soumission en ligne sur ce lien
(1)https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/lung/statistics